Synopsis : On n’arrête pas le progrès, une nouvelle d’Isaac Asimov publiée dans Astounding Science-Fiction en juillet 1939, présente un avenir où l’humanité, après une période de progrès scientifique, est tombée dans le conservatisme et l’opposition à l’exploration spatiale. John Harman, un scientifique visionnaire, se bat pour lancer le premier vaisseau spatial tout en faisant face à l’hostilité d’un monde qui considère son projet comme une menace. Avec le soutien de quelques alliés, il défie la censure et le fanatisme religieux, déterminé à prouver que le progrès ne peut être arrêté.
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Avertissement
Le résumé et l’analyse qui suivent ne sont qu’une apparence et l’une des nombreuses lectures possibles du texte. Ils ne se substituent en aucun cas à l’expérience de la lecture intégrale de l’œuvre.
Résumé de On n’arrête pas le progrès, d’Isaac Asimov
Le récit On n’arrête pas le progrès, d’Isaac Asimov, présente une alternative future dans laquelle la société, après une période d’avancées scientifiques accélérées, a connu un recul vers le conservatisme et l’intolérance, en particulier en ce qui concerne l’exploration spatiale. L’histoire suit John Harman, un scientifique et pionnier de l’astronautique, qui lutte contre l’opposition publique et religieuse pour réaliser le premier voyage dans l’espace.
Alors qu’il s’apprête à lancer son vaisseau, le Prometheus, Harman se heurte à une résistance acharnée. La société de 1973 a succombé à une forte résurgence religieuse, menée par Otis Eldredge, un prédicateur charismatique qui condamne la tentative d’exploration spatiale comme un blasphème contre Dieu. Les médias, l’opinion publique et même le gouvernement s’opposent à Harman. L’assistant et narrateur de l’histoire, Clifford McKenny, décrit comment le scientifique reçoit des menaces de mort et comment des manifestations et des campagnes sont organisées pour l’arrêter, et même comment son propre équipe est infiltrée par un traître, Shelton, qui partage les croyances d’Eldredge.
Malgré les avertissements d’amis et de personnalités influentes comme Howard Winstead, directeur de l’institut de recherche qui finance en partie le projet, Harman refuse d’arrêter son travail, arguant que l’exploration spatiale est un droit inaliénable de l’humanité et que la science ne doit pas céder aux pressions du superstition. Cependant, le jour du lancement, Shelton sabote le vaisseau, provoquant une explosion qui entraîne la mort de plusieurs personnes et blesse Harman. Après la catastrophe, la société réagit avec indignation et exige la tête de Harman, ce qui conduit à une série de troubles dirigés par Eldredge. Cependant, les autorités parviennent à contrôler la situation et, bien qu’elles retiennent finalement Harman à l’hôpital où il se rétablit, elles ne portent pas de charges formelles contre lui.
Au fil du temps, la ferveur du public s’estompe, mais la répression contre la science s’intensifie, ce qui entraîne l’adoption de lois interdisant la recherche en matière de fusées et plonge la société dans une nouvelle période d’obscurantisme. Pendant ce temps, Harman parvient à s’échapper de l’hôpital avec l’aide de McKenny et se cache dans une ferme du Minnesota. Pendant cinq ans, il travaille en secret à la construction d’un nouveau vaisseau, le New Prometheus, avec une petite équipe de collaborateurs loyaux. Pendant ce temps, le monde continue de régresser intellectuellement : la science est contrôlée par le gouvernement, les études humanistes remplacent la recherche scientifique et la censure devient totale.
Finalement, en 1978, Harman est prêt pour sa deuxième tentative. Sans l’annoncer publiquement, il décolle à bord du New Prometheus dans le but d’orbiter autour de la Lune et de revenir. Son équipe, consciente des risques, craint qu’il ne revienne pas ou, s’il le fait, qu’il soit exécuté pour avoir défié la loi. Cependant, contre toute attente, Harman réussit sa mission et revient sur Terre, atterrissant près de Washington D.C. Son arrivée provoque un véritable bouleversement, car, malgré les attentes d’un accueil hostile, la réussite de l’exploration lunaire transforme de manière inattendue l’opinion publique. Au lieu de faire face à des répercussions juridiques, Harman est acclamé comme un héros, et son exploit s’érige comme un symbole d’un nouveau réveil scientifique. Le contrôle religieux sur la société commence à s’effondrer, permettant à la science de reprendre sa place. Depuis son lit d’hôpital, Harman, avec un air triomphant, avoue à McKenny : « Le pendule a recommencé à osciller ».
Le récit se termine par une réflexion sur les cycles historiques, démontrant comment l’humanité oscille entre progrès et réaction, mais trouve toujours son chemin de retour vers la connaissance.
Personnages de On n’arrête pas le progrès, d’Isaac Asimov
John Harman est le protagoniste de l’histoire et le symbole de la lutte pour le progrès scientifique dans un monde qui a fait un pas en arrière vers la superstition et le fanatisme religieux. C’est un homme de petite taille, mais avec une volonté inébranlable. Sa détermination à atteindre l’espace l’amène à défier la société entière, quelles qu’en soient les conséquences. Tout au long de l’histoire, il apparaît comme un personnage obstiné, passionné et ayant une foi absolue en la science, ce qui en fait une figure à la fois héroïque et tragique. Malgré l’opposition de presque tout le monde, Harman ne renonce pas et poursuit son rêve, même après l’explosion du Prométhée et la poursuite dont il fait l’objet. Sa ténacité fait de lui un véritable pionnier, quelqu’un qui comprend que le savoir ne progresse pas sans sacrifices. Cependant, sa rigidité et son mépris de la mentalité de la société le rendent également vulnérable, car il sous-estime l’ampleur du rejet auquel il sera confronté. Dans la deuxième partie de l’histoire, sa ruse et sa patience lui permettent de revenir avec un plan plus prudent et sa victoire finale prouve qu’avec le temps, ceux qui devancent leur époque finissent par avoir le dernier mot.
Clifford McKenny est le narrateur de l’histoire et le fidèle assistant de Harman. C’est un personnage pragmatique, moins passionné que son patron, mais suffisamment courageux et loyal pour le soutenir jusqu’au bout. À travers son regard, le lecteur observe l’évolution des événements et la transformation du monde. Bien qu’il doute à plusieurs reprises du succès de Harman et craigne même pour sa vie, il ne l’abandonne jamais. Son rôle de témoin de l’histoire et sa réflexion constante sur le caractère cyclique du progrès en font un élément clé de la réflexion centrale du récit. McKenny est un personnage qui a un point de vue équilibré : il comprend à la fois la grandeur de la science et le pouvoir de la mentalité collective et ses changements imprévisibles.
Otis Eldredge représente le fanatisme religieux et le pouvoir de la manipulation des masses. C’est un prédicateur charismatique, capable d’hypnotiser les foules par son éloquence et de susciter en elles une ferveur qui frôle l’irrationnel. Sa rhétorique apocalyptique fait de Harman un ennemi public et un symbole du péché et de la rébellion contre Dieu. Eldredge incarne l’extrémisme conservateur, la peur du changement et la nécessité de contrôler le savoir au nom d’une morale imposée. Sa mort ne marque pas la fin de la répression contre la science, mais elle laisse un vide de leadership qui permet la chute du mouvement anti-scientifique. Sa figure rappelle les grands agitateurs religieux de l’histoire, ceux qui, en période d’incertitude, parviennent à imposer leur vision au détriment du progrès.
Howard Winstead, directeur de l’institut de recherche qui finance en partie le projet d’exploration spatiale, est un personnage ambigu. Ce n’est pas un ennemi de la science, mais c’est un homme prudent qui comprend mieux que Harman la politique et l’opinion publique. Dans sa conversation avec le protagoniste, il essaie de le persuader d’abandonner son travail, en faisant valoir que le monde n’est pas encore prêt pour le voyage spatial et que sa tentative pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la communauté scientifique. Winstead représente la voix de la raison pragmatique, l’homme qui voit clairement les tendances sociales et sait que la science, si elle n’est pas soutenue par la société, peut subir de terribles conséquences. Bien qu’il semble s’opposer à Harman, il met en réalité en garde contre les dangers de défier la société sans tenir compte du moment opportun.
Shelton est le traître au sein de l’équipe de Harman, un personnage qui symbolise l’influence du fanatisme sur les individus. Bien qu’il travaille sur le projet depuis deux ans, il a secrètement été séduit par les idées d’Eldredge et, dans un acte de « rédemption », il sabote le vaisseau Prometheus, provoquant son explosion. Son acte détruit non seulement la première tentative d’atteindre l’espace, mais provoque également la mort de dizaines de personnes, ce qui attise encore plus la haine contre Harman. Sur son lit de mort, il se montre comme un fanatique convaincu d’avoir fait ce qu’il fallait, ce qui renforce l’idée que la véritable menace contre la science n’est pas seulement l’ignorance, mais la croyance absolue en une vérité immuable.
Les collaborateurs de Harman dans la construction du New Prometheus – Harry Jenkins, Joe O’Brien, Neil Stanton et Saul Simonoff – sont des personnages secondaires qui symbolisent la résistance clandestine de la science face à la censure et à la persécution. Bien que leur rôle ne soit pas aussi développé que celui de McKenny, leur présence est fondamentale pour l’histoire, car ils démontrent que le savoir ne peut pas être totalement supprimé et qu’il y aura toujours des personnes qui s’opposeront à la répression et aux impositions du pouvoir.
Analyse de On n’arrête pas le progrès, d’Isaac Asimov.
On n’arrête pas le progrès est une histoire qui explore la lutte entre le progrès scientifique et la peur du changement. À travers un récit se déroulant dans un futur où la société a régressé vers un conservatisme extrême, le conte pose une question essentielle : que se passe-t-il lorsque l’humanité, au lieu d’avancer, décide de regarder en arrière et de rejeter le savoir ? L’histoire de John Harman est celle d’un homme qui se confronte à une société qui considère son rêve comme une menace, non pas pour des raisons techniques ou scientifiques, mais par peur et fanatisme.
L’un des aspects les plus intéressants de l’histoire est la façon dont elle reflète les cycles de l’histoire. L’humanité a connu des moments de grands progrès scientifiques, mais aussi des périodes de réaction et de censure. Dans On n’arrête pas le progrès, Asimov imagine un avenir où, après les progrès du début du XXe siècle, la société a décidé que la science est allée trop loin et doit être contenue. Cela s’est déjà produit auparavant : au Moyen Âge, par exemple, la connaissance scientifique a été réprimée au profit des croyances religieuses. Plus tard, à l’époque des Lumières et de la Révolution industrielle, la science a de nouveau prospéré. Asimov nous montre que ces mouvements d’avancée et de recul ne sont pas linéaires, mais que l’histoire oscille comme un pendule entre le progrès et la réaction.
La relation entre la science et la religion est fondamentale dans l’histoire. Otis Eldredge, le prédicateur qui dirige l’opposition contre Harman, ne s’oppose pas à la science parce qu’il ne la comprend pas, mais parce qu’elle représente un défi à sa vision du monde. Son succès à mobiliser des millions de personnes démontre que les émotions peuvent être plus puissantes que la raison pour influencer la société. Son discours n’est pas basé sur des faits, mais sur la peur : l’idée que l’exploration spatiale est un péché, un blasphème contre Dieu et que l’humanité doit accepter ses limites. Cela rappelle de nombreux moments historiques où la religion ou les idéologies ont tenté de freiner les découvertes scientifiques, de la persécution de Galilée à la censure de théories telles que l’évolution de Darwin.
Un autre point clé est la façon dont l’opinion publique peut être façonnée par des leaders charismatiques et les médias. Au début, la communauté scientifique soutient Harman, mais lorsque la presse commence à diffuser les discours d’Eldredge et à encourager la peur, la société se retourne contre lui. Ici, Asimov met en garde contre le danger de la manipulation des masses et la facilité avec laquelle une idée, même si elle n’a pas de fondement scientifique, peut devenir une vérité acceptée si elle est suffisamment répétée. Cet aspect reste très actuel dans un monde où la désinformation peut se répandre rapidement et générer des réactions extrêmes.
Malgré toutes les oppositions auxquelles il est confronté, Harman ne renonce jamais à son objectif. Sa première tentative se termine en tragédie à cause de la sabotage de Shelton, un membre de son équipe qui partage l’idéologie d’Eldredge. Cette trahison renforce l’idée que l’ennemi de la science n’est pas toujours l’ignorance, mais le fanatisme et la certitude absolue d’avoir raison. Shelton ne doute pas un seul instant qu’il fait ce qu’il faut en détruisant le Prométhée, même si cela signifie la mort d’innocents. Asimov nous montre que le fanatisme est dangereux non seulement pour ses dirigeants, mais aussi parce qu’il peut transformer des gens ordinaires en agents de répression.
La fin de l’histoire montre comment le cours des choses peut changer de manière inattendue. Harman parvient à construire un nouveau vaisseau et, cette fois-ci, son vol est un succès. Mais le plus important n’est pas seulement qu’il arrive sur la Lune, mais la réaction de la société. Au lieu de le condamner, le monde s’émerveille de son exploit. Le même public qui demandait auparavant sa mort le considère maintenant comme un héros. Cela démontre que, même si les sociétés peuvent résister au changement, lorsque quelqu’un démontre par des faits ce qui est possible, la perception peut se transformer rapidement. Ce qui était auparavant considéré comme une menace devient un symbole d’espoir.
On n’arrête pas le progrès n’est pas seulement une histoire sur les voyages dans l’espace, mais aussi une réflexion sur le pouvoir de la peur, la résistance au changement et une voix d’espoir sur la victoire inévitable de la connaissance sur l’ignorance. Asimov ne nous dit pas que le progrès est facile ou linéaire, mais il montre clairement que la curiosité et l’ambition humaines trouveront toujours le moyen d’avancer, même s’il y a des obstacles.
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